CONDUITE A RISQUE
Nulle sortie de route liée à quelque comportement dangereux au volant sur cette page, qu'on se rassure !
Nous sommes ici sur le site d'une conduite forcée d'un équipement hydroélectrique, à mi-chemin de la centrale.
Les routes en culs-de-sac présentant généralement un fort potentiel épavesque, je décide de partir à la découverte des lieux, en quittant la départementale pour une ascension de 4 kilomètres à travers les pins jusqu'à cette conduite.
Des risques, c'est moi qui vais en prendre, mais je ne le sais pas encore, à ce moment-là....
Dans un vacarme assourdissant, je m'engage sur les planches disjointes d'un pont "provisoire qui dure"...
...et j'attaque les premiers lacets d'une chaussée que seuls quelques bergers empruntent parfois.
La petite route forestière s'élève progressivement et s'enfonce dans la forêt. L'agitation bruyante de l'itinéraire touristique en contrebas laisse peu à peu place au silence et seul me parvient de temps à autres le ronronnement des moteurs des nombreux camping-cars qui circulent au loin....
Mais passé une nouvelle épingle, le silence est désormais total et je me retrouve seul dans ce décor magique... J'ai beau penser connaitre l'île, la nature arrive toujours à me surprendre... Les ornières aussi et je me dis que je devrai bientôt offrir une séance de géométrie au train avant de mon déplaçoir...
Après 2.5 km, j'atteins un premier palier et je remarque la présence d'une épave sur le bas-côté... Au moins suis-je certain de ne pas repartir bredouille...
Néanmoins, je visiterai l'endroit au retour... Pour le moment, je continue tout droit.... La route s'élève encore et la nature est de plus en plus remarquable...
Un dernier virage et me voici sur le plat, arrivé au terminus. Je débouche sur une plateforme assez vaste qui domine un précipice insondable....
Quelques aménagements sont visibles mais toute trace d'activité humaine semble avoir disparu....
L'unique galerie ouverte s'enfonce dans la montagne. Je ne me risque pas à l'intérieur, ne désirant aucunement troubler le sommeil des chauves-souris qui l'habitent....
Bon, tout cela est bien beau mais pour le moment, pas de trace de rouille à l'horizon... Et alors que je m'apprête à quitter l'endroit, je jette, sans conviction, un oeil dans le ravin adjacent et là...
...je remarque une épave gisant sur le flanc, à mi-pente, au dessus d'une conduite qui sort de la paroi...
La forme cubique de l'engin m'oriente vers une SIMCA 1000 et la couleur verte/capot noir mat est caractéristique d'une Rallye 2.
Un coup de zoom achève de me convaincre !
Ca vaut le coup de descendre voir cela de plus près !
Sans attendre mais avec d'infinies précautions, je m'engage sur la pente instable de cette paroi constituée de cailloux glissants, probables déblais provenant du percement de la galerie....
Je parviens à m'arrêter une dizaine de mètres au dessus de la voiture. Je constate que l'échappement est toujours en place... Que dis-je ? Le moteur étant à l'arrière, il s'agit des tuyaux du radiateur, qui doit être installé à l'avant....
Cependant, je dois me résoudre à l'évidence, je ne peux pas accéder à l'épave. Il va me falloir trouver un autre chemin....
Je décide alors de partir sur la gauche et de remonter par le fond du ravin.
Mais en jetant un oeil en contrebas, je me dis que je vais devoir finalement descendre bien plus loin....et que mon "séjour" au fond sera sans doute un peu plus long que prévu....
Le fond de la combe est bien fourni en véhicules divers, à moitié ensevelis sous les pierres. De l'autre côté, dans les arbres, j'aperçois d'autres voitures, certaines paraissant assez récentes mais pourrai-je y accéder ?
Pour le moment, je me laisse glisser jusqu'à une RENAULT 5 bien lestée....
Continuant la descente, je parviens sur un replat d'une dizaine de mètres. Une FIAT Uno phase 2 y repose et j'avoue avoir eu du mal à l'identifier....
Me voici donc au niveau des voitures entrevues de plus haut.
Elles sont majoritairement assez modernes mais il me semble apercevoir quelques tôles sous la végétation qui pourraient indiquer des autos un peu plus anciennes. Il faut que je sache...
Y accéder s'avère en revanche un gros problème : Je dois pour cela traverser un autre éboulis, or, un coup d'oeil sur ma gauche ne m'incite guère à tenter l'aventure....
En effet le ravin se transforme en une succession de rochers lisses qui tombent presque à pic une trentaine de mètres plus bas... Tout au fond, gisent des morceaux de tôle mais ils ne sont pas d'origine automobile (sinon je serais descendu ).... Sans doute d'anciens équipements du site....
Dernier (petit) détail : je m'aperçois à ce moment précis que :
1) Personne ne sait où je me trouve
2) Bien évidemment, le portable ne passe pas...
Bref, tout va bien...
Ma décision "d'y aller" étant prise, je repère un gros rocher qui me parait stable et qui me servira d'appui pour franchir l'obstacle. Un dernier effort et me voici au niveau de ce meeting improvisé...
J'identifie sans peine une FORD Fiesta mk3 rouge, aux côtés d'une ROVER 200 bien trop modernes à mon goût. Sous la ROVER, une PEUGEOT 305 et, sur la droite, une OPEL Ascona C Marseillaise qui git sur le dos... Rien d'exceptionnel toutefois...
Je me glisse alors à gauche, sous la Fiesta où une teinte vive attire mon regard...
Cette carrosserie chiffonnée fut un jour une petite FIAT 127 dont, curieusement, l'intérieur est demeuré presque intact malgré la chute....
A ses côtés, presque au bord de la falaise mais lui tournant le dos, la dernière habitante de l'endroit est une pauvre RENAULT 5 TL équipée d'un toit ouvrant en toile.
Après une courte pause, j'entreprends de remonter en surface. La route sera assez longue et je dois encore passer voir la Rallye 2 !
Je reviens au niveau de la première RENAULT 5, je me glisse à droite entre la voiture et le rocher et j'attaque l'ascension !
J'atteins rapidement une épave très dégradée, aperçue de plus haut lors de la descente... Son état pitoyable ne va pas faciliter son identification....
Néanmoins, quelques détails spécifiques m'orientent vers une autre FIAT 127...
Sa voisine de dessus est, elle, reconnaissable entre mille : une RENAULT 25 ! Mais qu'est-elle venue faire ici ?
Pas le temps de méditer sur la destinée de cet ancien fleuron de la défunte RNUR, je reprends l'escalade vers mon objectif initial, là-haut, sous le tuyau....
...et je touche enfin au but, dans un ultime effort !
Cet effort, bien qu'intense, n'est pas vain puisque oui, j'en ai à présent la confirmation écrite, c'est bien une Rallye 2 !
...et son moteur est toujours en place !
Encore quelques clichés (tiens, la pub des slips Eminence, toute une époque !...) et l'heure est venue de remonter en surface....
Le temps file vite et je dois encore m'arrêter un kilomètre plus bas, j'ai repéré de la rouille en montant....
Je stoppe donc à la hauteur d'une berline qui a pris un coup de chaud....
Je reconnais sans peine les lignes caractéristiques d'une Triumph 1300, modèle produit entre 1965 et 1970 à 150.000 exemplaires, dont un au moins est venu mourir en Corse !
En explorant les alentours, le long de la route, je repère "du blanc" bien plus bas que la Triumph, dans les arbres. Conséquence logique, je décide de descendre !
Je m'incline devant ces restes d'Ami 8 (tiens, la deuxième Marseillaise du secteur après l'Ascona... )....
... je contourne ce que j'ai d'abord pris pour l'arrière d'une P60 avant de me rendre compte qu'il s'agit probablement d'une Vedette (Ariane mais plus vraisemblablement Versailles, au vu des butoirs du pare-choc)
...et j'arrive à la hauteur de ce que j'avais aperçu de la route. La végétation commence à s'épaissir.....
Une RENAULT 4 ! Et même 2, puisque sa soeur jumelle repose juste à côté !
Tant que j'y suis, autant jeter un oeil dans le "quartier".
Tiens, une Deuche ! ça manquait, dans la série...
Cette fourgonnette est une AK AP, dont la Poste a fait grand usage dans les années 70....
Elle voisine avec ce qui me semble à cet instant être la dernière épave des lieux, la face avant de la Versailles dont l'arrière est resté à mi-pente du ravin....
L'heure tournant, il me faut désormais songer à rentrer dans mes foyers.... Je profite d'une énième pause réparatrice à l'ombre d'un hêtre centenaire pour écouter ce silence assourdissant et m'imprégner encore une fois de ce décor majestueux...
.
C'est alors que j'aperçois quelques chose, encore plus bas....
Manifestement, c'est encore un véhicule.... Que faire, sinon descendre à nouveau ?
Une sympathique PEUGEOT 504 mazout !
Miraculeusement, la vitre arrière est intacte ! Le numéro d'immat en WW 20 prouve qu'elle date d'avant 1976....
Voilà, l'heure tourne et je dois me résoudre à redescendre vers la civilisation.... Après une dernière photo de la 504...
...je repasse à hauteur de la Triumph....
... et, avant de replonger dans les embarras de la circulation, je m'offre une autre sorte de plongeon dans l'eau rafraichissante de ce torrent de montagne.....