BIENVENUE EN CORSE PROFONDE....
.Direction une petite vallée en cul-de-sac, qui s'étend de la plaine à la haute montagne, pays où le bovin est roi !
Ici, la nature est restée intacte et, si les randonneurs se pressent l'été venu sur le chemin de grande randonnée tout proche, la solitude qui règne 10 mois sur 12 permet aux rares habitants de regarder filer le temps qui passe forcément lentement et laisse les épaves méditer sur leur destinée...
Ici, on ne jette rien....N'importe quel objet peut entamer une seconde vie complètement différente de la première... à l'image de cette portière de CITROEN reconvertie en "porte-fenêtre"....
....ou de ce topédo CITROEN B12/B14 qui soutient le muret sur lequel il est appuyé....à moins que ce soit l'inverse....
Laissant ce petit CITROEN continuer sa sieste, je me dirige vers le lit asséché d'un ruisseau tout proche. Songeur, je contemple un instant ce capot de SIMCA 8, tout seul sur la berge....
....lorsque je remarque une forme dépassant d'un buisson d'épineux
En me rapprochant, je remarque divers détails caractéristiques d'une CITROEN Rosalie.
La caisse de petite taille indique qu'il s'égit d'une 8 CV d'autant que le réservoir d'essence est situé dans le compartiment moteur.
La laissant à ses rêves fleuris, je reprends l'exploration des berges de ce ruisseau...
...à la recherche d'une PEUGEOT 504 dont Marc m'avait parlé (merci à lui ! ). La bonne nouvelle, c'est qu'elle est toujours là, avec son numéro 837 FA 20 datant de fin 1973.......
Regagnant la berge, je m'engage le long d'un chemin bordé d'un muret de pierre sèches. Machinalement, je jette un oeil de l'autre côté...
Cet engin un peu hybride semble être un DODGE T110 Canadien, à la base. Il a certainement été remonté après la guerre avec du matériel plus courant et a ainsi hérité d'une cabine de GMC et d'un volant d'origine indéterminée...
Le poste de conduite à droite trahit les origines militaires de l'engin.....
Grimpons à bord, puisqu'il nous y invite si poliment !
Je salue une dernière fois ce vieux guerrier et poursuis ma découverte de cette vallée perdue... Le terrain mitoyen semble entretenu. Un PEUGEOT J7 s'y repose paisiblement
Evidemment, impensable de ne pas tomber sur un CITROEN Type H...Celui-ci a été immatriculé en Seine-Saint-Denis en 1967.
Revenant sur mes pas vers mon véhicule, bien décidé à continuer l'exploration, je remarque une pauvre SIMCA 1300 renversée, recouverte d'épineux...
Après 20 minutes de conduite, j'arrive dans un petit village paisible. Pas un chat à l'horizon.
De la route, mon attention est attirée par quelques fragments de métal... L'ami qui m'a révélé la présence de ces fragments m'a raconté l'histoire de la voiture du boucher du village qui fut jetée en marche, dans les années 60.
Pour l'instant, je distingue un châssis assez imposant, une autre épave plus petite, gardée par une vache... Je me gare à l’aplomb du bovin (en espérant trouver un "beau 20" ) et j'entreprends de descendre au fond du ravin....
Je stationne à l'aplomb de la vache et, après 5 minutes à peine, j'arrive à la hauteur de la plus petite des 2 voitures...
Elle ne me posera aucun problème d'identification.....
Je jette un dernier regard à cette pauvre dauphine....
...et je grimpe à l'assaut du talus, dans la caillasse, en tentant de me rapprocher de la fameuse voiture du boucher du village, jetée en marche il y a près de 50 ans...
J’arrive à sa hauteur en la contournant par le haut. D'emblée, je suis frappé par la taille du châssis. C'est bien simple, en l'apercevant depuis la route, je pensais que c'était un petit camion....
Sa position, retournée, et son état déplorable interdiraient toute idenitification mais je sais, via une connaissance qui a rencontré le fils du propriétaire, qu'il s'agissait dune DELAHAYE qui connut une fin de carrière coupée en camionnette, comme c'était le cas à l'époque. Mais il m'est quasiment impossible d'en déterminer le modèle exact, hélas...
La voici immortalisée par Marc en 1995/96
Il m'avait également indiqué une CITROEN AMI 6 bien plus haut dans la vallée.
Reprenant donc la route, je traverse le petit village désert... Quelques panaches de fumée s'échappent des cheminées des maisons aux volets clos, seuls témoignages d'une présence humaine...
5 kilomètres plus haut, je me gare le long de la route surplombant le torrent, et j'entreprends une descente périlleuse, sur le tapis glissant des aiguilles des pins maritimes.
CITROEN AMI 6
M'assurant qu'elle est la seule habitante des lieux, je me remets en route. Le tracé contourne la montagne et le soleil est désormais caché par les hauts sommets. En conséquence, quelques plaques de neige ont subsisté par endroits. Appuyée à un petit chène, une CITROEN Traction 11 Légère ne semble même pas surprise de me voir débouler...
Je suis à présent sorti de la forêt et me voici au bout de la route. Le soleil a refait son apparition, faisant fondre les rares plaques de neige et je croise quelques randonneurs courageux, qui arpentent le GR 20.
Le panorama qui s'offre à moi est magnifique et, comble de chance, le dernier tournant recèle une épave.
En arrivant à sa hauteur, je m'aperçois que cette voiture va doublement retenir mon attention......
Il s'agit, en effet, d'un break VOLVO Amazon, une auto bien rare en Corse....
Intéressé par ce modèle précis, j'aimerais jeter un oeil à l'intérieur, à la recherche d'une pièce ou d'un détail particulier. Mais par où entrer ?
C'est alors que je remarque que le réservoir d'essence a été découpé. Sans attendre, je décide de me glisser par l'ouverture....
Bon sang, il fait noir comme dans une grotte, là-dedans...
Je progresse prudemment à genoux sur le toit du break. Bientôt, j’atteins la poignée de frein à main (ouf, il est tiré ! ).
Sachant que sur cette auto, il est à gauche, entre la portière et le siège-conducteur et que la voiture est renversée, je vous laisse imaginer dans quelle position j'étais...
Les poignées de porte et de lève-vitre sont en place également....
quelques boutons et tirettes ont survécu....
Un dernier cliché....
...et je sors (en marche arrière !) respirer un bol d'air frais...
......puis je prends congé de cette pauvre Suédoise, dernière habitante de cette vallée isolée en Corse profonde...